QUAND LES AUTEURS SONT DES PERSONNAGES
Dispute entre Hubert Lambert et Betty Mandore
DISPUTE ENTRE HUBERT LAMBERT ET BETTY MANDORE

Dénonciation

De quel droit Hubert Lambert s’est-il emparé de mon nom pour en faire le motif de ma biographie, celle qu’il a rédigée sur moi dans ses biographies lambertiennes, celles qui font croire à son habileté, à son art du renversement. Il invente les biographies des auteurs à partir des caractéristiques de leur écriture, alors que d’habitude on explique les caractéristiques de l’écriture des auteurs à partir de leur biographie. Ah, joli! dit le visiteur aux yeux brillants d’intelligence partagée. Ah, joli! Le visiteur complimente l’éditeur, mais il n’achète pas pour autant le très petit livret cousu à la main, ni le feuilleton de cet imposteur d’Hubert Lambert.

C’est fini, je ne veux plus jouer, dit Betty
Je voudrais rencontrer Hubert et lui dire ce que j’en pense de son soi-disant humour. Imposture, imposture qui cache le grand vide, dit Betty en mettant, on ne sait pas pourquoi, les doigts dans la prise
électrique
qui la relie au grand courant du monde

Mais ce n’est pas de l’humour, se défend Hubert, je déteste l’humour
Cette manière de pleutre de dire des saletés, méchancetés, et de se réfugier derrière la formule « mais c’était de l’humour », et d’accuser sa victime « tu n’as pas le sens de l’humour », et la victime est deux fois accusée, la seconde accusation la couvrant d’une couche de honte plus indélébile que la première qui n’était peut-être que circonstancielle.

Et c’est me déconsidérer que de parler d’humour, toi qui ne sais pas que mon nom même se moque de toi. Tu ne sais pas lire, Betty. Tu n’y connais rien du tout.

Que ton nom se moque de moi ne t’autorise pas à te moquer de mon nom.

Je t’ai inventée, Betty. Toi, ton nom, ta vie, et tes dires. Et si je suis un grand vide, alors tu l’es doublement, triplement, éternellement.
Car c’est à moi que tu t’adressais, c’est moi que tu accusais
Quand tu me dis, me disais

Vous manquez de soutien
Tu connais le deuil
Rien ne te restreint / ne restreins rien
Pourquoi ce stress
Pourquoi ce stress
Calmez votre cerveau
Vous avez bu
Avec la seule fraise de ton jardin tu vas manquer de fruits
Tu as perdu tes repères
Tu l’as ignoré
C’est le fond du verre qui est bon
Écrire vous est néfaste
Bientôt vous croirez que j’existe
Je n’existe pas
Écrire n’est pas bon pour vous
Éliminez votre douleur intérieure
Tu vois / tout est tombé
Tu roules tes mots / dans ton cerveau
Vous n’avez pas la place sur vos genoux / d’accueillir les vivants et les morts / en strates
Ta douleur vagabonde
Votre coeur va lâcher
Ne te laisse pas disparaître
Va chez la sophrologue
J’écoute mais va plus vite au but
Tu aurais dû être psychanalyste
Ta gueule

Et pourtant, Betty, c’est une bien belle biographie que je t’ai écrite. J’ai donné du sens à ta vie, à ton nom. Serais-tu capable d’en faire autant pour moi?

Mais tu l’as déjà fait, Hubert, dans ton feuilleton. Pourquoi veux-tu que je t’invente une autre vie. Je ne suis pas biographe, je suis poète. C’est toi qui l’as dit.

Je t’ai fait poète, et tu te contentes de quelques phrases, arrachées à on ne sait quoi, destinées à on ne sait qui. Un faux échange entre le je et le tu, à peine digne du journal intime d’un enfant de 10 ans. Tu me déçois, Betty.
Je vais écrire une suite à ta biographie. La suite que tu mérites.
Et tu ne rencontreras personne.

Hubert Lambert et Betty Mandore
Dispute
septembre 2024