L'INTELLIGENCE DES PLANTES
Devant un cerisier, depuis une chambre


III.












II.













I.
DEVANT UN CERISIER, DEPUIS UNE CHAMBRE





un mot griffonné, une le balayera, harassée,
mais devant moi (gardé le feu gris qu’on y projette, perçant),
comparé, c’est une fleur à des cimes :
quelle branche sauve, pour encore un mot ?
– rien que de papier et de l’oubli, certes…
mais peut-être, d’ici un ou deux mois, comme le fruit
d’un rouge en juillet défendu par une chape de verdure.

ou les choses sont-elles inverses
sous le regard menteur ?



il est vrai que lui parle d’une chambre
où le silence est orné, une décoration il est vrai
qu’il n’a pas goût pour ces choses là, mais d’autres mains
s’affairent, toujours si jeunes
elles disposent le cri d’une mésange, la graisse
des tourterelles, comme une nappe,
ou bien les restes d’aube
à la table d’aurore ;

des nuées plus froides dansent
pour tous les yeux au banquet du pauvre.



ce cerisier de rêve : l’or pornographe,
rien d’autre dans le dernier coton, la débauche de ces draps,

bientôt le lit est défait, l’un crie, les branches
de l’arbre le trouent – sans tambours, sans cérémonial,
un écho se dissipe dans le sang flou.

Galaad Monneray, Devant un cerisier, depuis une chambre
Le Lampadaire, 2019