DÉPLACEMENTS 3
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Tous mes jours sont des dimanches
Aucun dimanche n’atteint mes jours

J’aimais l’odeur de mon nombril
J’aimais l’odeur de mon sang.
Pourquoi ne sentent-ils plus rien ?

Qui ne risque rien n’a rien
Qui risque tout n’a plus rien du tout

« Déplacements de la mort »
Nous avions chacun notre coussin
c’est entre les deux coussins
que désormais je dors

Je m’observe
c’est tout ce que je peux faire
ataraxie
hébétement
vous avez compris ?
vous savez, elle ne semble pas avoir compris
vous avez compris ?
elle fait oui de la tête
c’est le seul geste,
pas un cri
pas un geste
pas une larme
elle n’a pas compris
a-t-elle compris
elle est idiote
il a dit il va mourir
l’autre a dit vous avez compris
elle fait oui de la tête
tu ne veux plus parler
elle fait non de la tête
plus jamais
elle fait oui de la tête
parce qu’elle n’a pas dit
qu’est-ce que je dois faire
parce qu’elle aurait dû savoir sans qu’on le lui dise
mais ils auraient dû lui dire ce qu’il aurait fallu dire
faire
c’est à vous de voir
moi je ne peux pas vous dire quand il va mourir
mais il va mourir
à vous de voir
il dit
j’ai vu son dossier
il n’y a que la morphine
mais ne dites pas qu’on l’a tué
on ne veut pas qu’il souffre
le reste est inutile

j’aurais voulu me mettre dans son lit, me glisser à côté dans les draps en chien de fusil
moite et froid comment est-ce possible ?
pourquoi est-ce si impossible de se glisser à côté dans les draps en chien de fusil ?


il rentre
elle est encore là
clouée à son ordinateur
on ouvre la porte et on la trouve là quelle que soit l’heure de dos face à son ordinateur
clouée
il ne rentre plus
c’est trop terrible

Mademoiselle Lebbat,
mini textes pour le Lampadaire, 2018