DÉPLACEMENTS 1, 2 et 3
Une tasse de thé
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UNE TASSE DE THÉ
Je suis allé jusqu’à la gazinière et j’ai mis de l’eau à bouillir. Je n’ai pas fait attention et je suis revenu seulement deux millions d’années plus tard ; l’eau était encore là. J’ai versé l’eau dans une tasse de thé, et j’ai mis dedans 250 000 kilos de thé noir, parce que j’aime le thé très fort. J’ai posé sur un plateau mon thé, un récipient contenant le reste de l’eau chaude, les 100 kilos de thé en sachet qui était en trop et encore 350 tasses, au cas où quelqu’un en voudrait aussi. J’ai marché 10 000 mètres jusqu’à mon salon, où se trouvait mon épouse. “Tu veux du thé?”, criai-je dans ses oreilles de toutes mes forces, “Pardon?”, “Je t’ai demandé si tu voulais du thé”, ai-je dit en murmurant de l’autre bout du salon, “Oui, je veux bien”. J’ai mis le thé dans une tasse ; elle le but et me dit que c’était le plus mauvais thé du monde, et pour cette raison elle appela l’armée russe ordonnant qu’on me bombarde la tête, mais avant qu’elle ait terminé sa phrase, d’un coup de pied j’ai envoyé voler le câble principal de l’entreprise de télécommunication, laissant toute la ville sans téléphone. Quelqu’un s’en ait aperçu et a commencé à me tirer dessus avec un bazooka pour se venger. J’ai couru jusqu’à l’autre continent et je me suis caché dans un trou de 500 000 kilomètres de profondeur. “Ici personne ne va me trouver”, pensai-je juste après avoir verrouillé le portail en fer avec un mot de passe de 720 chiffres et lettres, mais dès que je tournai la tête, mon épouse était là, brandissant une épée d’acier en direction de ma tête. Heureusement, un héron volait par là au moment où elle assénait le coup, de sorte que l’épée s’abattit sur le crâne du héron. Comme son crâne était très dur, l’épée ricocha et commença à voyager en direction de la tête de mon épouse. Avant que l’épée ne l’atteigne, le commandant de l’armée russe (qui n’avait pas compris le message de mon épouse, mais s’était imaginé qu’elle était en danger) tira un boulet de canon dans l’épée et la tua. J’ai pleuré et j’ai pris mon épouse dans mes bras, lui disant que plus jamais je ne ferai le plus mauvais thé du monde. Nous avons pris un téléphérique et nous sommes revenus à la maison. Après avoir pris une douche, j’ai commencé à réciter à l’improviste pour ma femme un poème épique sur une grande bataille livrée au nom de mon amour pour elle, contre toutes les forces adverses de l’univers. Lorsque j’eus terminé, elle s’était déjà couchée, réveillée, douchée, avait écrit un poème épique sur un héros qui ne savait pas faire le thé (et pour cette raison avait coulé son empire), et était allée travailler.
Rafael Sperling
Une tasse de thé
publié dans le Journal Rascunho, mars 2012
Traduit du portugais (Brésil) par Émilie Audigier